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État et cultures juridiques autochtones: un droit en quête de légitimité
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Une expérience exceptionnelle à Wemotaci!

Date de publication:le 16 août à 05:00
Auteur: Isabelle Ladouceur

Ma participation dans le projet « État et cultures juridiques autochtones : un droit en quête de légitimité » s’actualise au travers d’un mémoire de maîtrise qui porte sur la judiciarisation des cas de violence familiale en milieu atikamekw.  Si la question de la violence familiale est bien documentée en général (autant en ce qui a trait aux effets immédiats, aux conséquences à long terme ou aux causes), celle qui traite des processus judiciaires et de l’expérience qu’en ont eu les agresseurs, les victimes et leurs famille demeure, quant à elle, assez peu explorée, notamment lorsqu’il s’agit des communautés autochtones.  La problématique de violence est pourtant importante chez cette population, malgré les nombreuses campagnes de prévention mises sur pied dans les dernières années.  Mon mémoire propose donc de rendre compte de l’expérience de justice (formelle ou informelle) telle qu’elle est vécue par des hommes et des femmes atikamekw, victimes et/ou agresseurs.  Il s’agit ainsi non seulement de recueillir leur point de vue sur le traitement judiciaire qui prévaut actuellement (sont-ils satisfaits des procédures actuelles? Souhaiteraient-ils qu’elles soient davantage adaptées à leurs valeurs et croyances?), mais aussi de voir si les communautés ont développé des prises en charge différentes, en marge du système étatique, et qui pourraient être, éventuellement, reconnues par les autorités gouvernementales.

C’est dans ce contexte que pour ma première collecte de données, je me suis rendue à Wemotaci avec Mylène Jaccoud et Isabelle Picard, respectivement professeure et jeune chercheure pour le Projet Atikamekw.  Nous y avons été accueillies, au début du mois de juin, par notre partenaire aux Services sociaux, Mario Awashish, qui, convaincu des effets positifs qu’aurait le Projet pour sa communauté, nous a mis en contact avec une demi-douzaine de personnes intéressées à être entendues.  Les témoignages que nous avons recueillis pendant notre séjour nous ont beaucoup touchées; la générosité avec laquelle les gens se sont livrés à nous et le temps qu’ils ont consacré à nous parler nous ont prouvé, encore une fois, la très grande importance à donner aux « voix autochtones » de façon générale, et particulièrement lorsqu’il est question de justice et de droit pénal.  Toutes les entrevues ont été fortes en émotions et ceci est en grande partie dû au courage des gens avec qui nous nous sommes entretenues, à leurs expériences de vie souvent marquées par les difficultés et à leur désir de changer les choses pour eux-mêmes, mais surtout pour leur communauté et les jeunes qui y vivent. 

 

Au milieu de notre séjour, nous avons été invitées à partager un peu du quotidien de trois personnes qui ont investi le camp des Aînés, se trouvant à 12 kilomètres de Wemotaci, et qui ne servait plus depuis quelques temps.  Là-bas, sans eau courante ni électricité, ces « Trois mousquetaires » vivent de façon plus traditionnelle; se voulant un lieu de ressourcement, ils  accueillent, à cet endroit, tous ceux qui veulent, pour une journée ou pour un mois, « se retrouver ».  La tranquillité qui émane des lieux, le respect dont ils font preuve face aux expériences de leurs visiteurs, l’accueil sans condition qu’ils leur offrent contribuent à apaiser ceux qui en ont besoin.  Il n’y a pas à douter que l’emplacement même du camp, c'est-à-dire dans la forêt, apporte sérénité, calme et bien-être aux gens qui y séjournent.  Les deux soirées que nous y avons passées nous ont permis de discuter de manière parfaitement libre avec nos hôtes; nous avons échangé des recettes, avons parlé de nos expériences de vie, avons rigolé et mangé ce qui se trouve être probablement les meilleurs beignes de la planète!  Ces deux soirées nous auront permis de créer des liens avec des gens exceptionnels qui croient fermement que les expériences de partage et d’échange sont le gage d’une bonne entente non seulement entre les individus, mais surtout entre les peuples…  C’est à travers la connaissance intime de l’Autre qu’émerge le respect face à ses croyances et à sa façon de vivre.  Ces moments sont, il va sans dire, inoubliables et extraordinaires. 

Depuis mon retour à Montréal, j’ai écrit une lettre à nos trois hôtes pour les remercier de leur accueil…et pour leur demander de me réserver quelques beignes lorsque je retournerai les voir lors du Pow Wow à la fin août! 

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